Cession d’une clientèle de notaire : conditions et fiscalité

décembre 2024 | Notaires

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Conditions et fiscalité de la cession de clientèle de notaire

Opération stratégique et complexe, la cession de clientèle de notaire revêt une importance capitale, tant pour les professionnels en fin de carrière que pour les notaires qui cherchent à étendre ou diversifier leurs activités. Cette opération, encadrée par des conditions strictes, soulève des questions juridiques et fiscales qu’il faut connaître pour que la cession soit un succès. Le Cabinet Bontemps, qui s’est déjà penché en détail sur la fiscalité de la cession d’une étude notariale, vous propose un tour d’horizon des modalités de cession de clientèle et vous explique tout ce qu’il faut savoir pour optimiser la transmission.

Comprendre la cession de clientèle de notaire

Définition de la cession de clientèle notariale

La cession de clientèle de notaire désigne la cession des droits d’exploitation liés à une étude notariale. Elle consiste à transférer le portefeuille de clients d’un notaire à un repreneur, simple confrère ou nouvel associé.

Contrairement à la vente de parts sociales, la cession de clientèle permet de transférer uniquement la clientèle et les activités qui en découlent, sans modification de la structure juridique de l’office.

Par ailleurs, la transmission ne concerne pas directement les éléments incorporels de l’office tels que le droit au bail ou les contrats de travail des collaborateurs. Aussi, ces derniers doivent faire l’objet de clauses spécifiques.

Acteurs impliqués

Une cession de clientèle notariale implique plusieurs acteurs, et notamment :

  • le notaire cédant qui souhaite transmettre sa clientèle dans les meilleures conditions ;
  • le repreneur, également appelé cessionnaire, qui peut être un notaire déjà établi ou un nouvel associé du cédant ;
  • les experts indépendants, spécialistes en valorisation d’études notariales, en audits financiers et en fiscalité.

Motivations de la cession

Les notaires peuvent envisager la cession de leur clientèle pour diverses raisons : retraite, évolution de carrière, transmission familiale, etc.
En tout état de cause, et qu’importe la situation à l’origine de l’opération, elle doit être minutieusement préparée pour assurer la continuité et la stabilité de l’étude.

Les conditions de la cession

Avant toute cession, il est nécessaire de vérifier les conditions d’agrément requises par le ministère de la Justice et rédiger un protocole d’accord entre les parties. Ce protocole fixe les modalités de transfert et prévoit certaines conditions suspensives comme l’accord du repreneur sur le prix et la signature de l’acte authentique.

Contenu de l’acte authentique de cession

La cession doit ensuite être formalisée par un acte authentique qui doit contenir un certain nombre d’informations telles que le transfert des droits et obligations, le prix de cession, les engagements du cédant, les garanties d’actif et de passif, etc.

Étapes clés pour préparer la cession de clientèle

Valorisation de l’étude notariale

La valorisation de l’étude notariale est une étape incontournable pour définir un prix de cession juste et attractif. Elle repose sur plusieurs critères : volume de clientèle, potentiel de croissance, chiffre d’affaires, rentabilité et éléments incorporels (droit au bail, contrats de travail, etc.).

Se faire accompagner par un expert indépendant, spécialisé dans la transmission d’études notariales est fortement conseillé pour réaliser des audits préalables et obtenir une estimation précise de la valeur de l’office.

Préparation des démarches administratives

Il convient ensuite de préparer les diverses démarches administratives relatives à la cession de clientèle de notaire, à savoir :

  • la rédaction de l’acte de cession, formalisant les droits et les obligations ;
  • la gestion des contrats de travail et autres obligations professionnelles ;
  • la régularisation des obligations fiscales ;
  • la notification de l’opération aux autorités compétentes (notamment le bureau des hypothèques) ;
  • le transfert effectif de la clientèle.

Gestion des baux et autres droits associés

En plus de sa clientèle, le notaire peut faire le choix de céder les éléments incorporels qui y sont liés.
À noter : S’agissant d’une profession réglementée, le droit au bail est obligatoirement adjoint au fonds de commerce. Le repreneur doit veiller à respecter le bail professionnel, notamment en termes de durée et de continuité d’activité.

Fiscalité de la cession de clientèle de notaire

Fiscalité de la plus-value de cession

Lorsqu’un notaire cède sa clientèle, la plus-value de cession est imposable et calculée sur la différence entre le prix de vente de la clientèle et le prix d’acquisition (ou, pour les créateurs, la valeur initiale). Elle est soumise :

  • au barème progressif de l’impôt sur le revenu en cas de plus-value à court terme (clientèle détenue depuis moins de 2 ans) ;
  • à un prélèvement forfaitaire unique (PFU ou flat tax) de 30 % (​​12,8 % d’impôt sur le revenu et  17,2 % de prélèvements sociaux) en cas de plus-value à long terme (clientèle détenue depuis plus de 2 ans). À partir de 5 ans d’exercice, la plus-value est exonérée jusqu’à 500 K€.

Cependant, en cas de départ à la retraite, certains dispositifs permettent d’atténuer la charge fiscale en faisant bénéficier le notaire d’une exonération partielle, voire totale, à condition de respecter certains critères :

  • le notaire part à la retraite dans les deux années qui suivent la cession et met un terme à son activité ;
  • les recettes annuelles hors taxes de l’étude sont inférieures ou égales à 90 000 euros (exonération totale) ou sont comprises entre 90 000 et 126 000 euros (exonération partielle).

Obligations fiscales du repreneur

Le cessionnaire est quant à lui soumis à des droits d’enregistrement sur la transaction. Non négligeables, ces coûts doivent être anticipés.

Stratégies d’optimisation fiscale

Le Pacte Dutreil

Le Pacte Dutreil permet aux héritiers ou donataires de bénéficier d’une exonération de 75 % de la valeur transmise pour le calcul des droits de mutation à titre gratuit (donation ou succession). Ce dispositif s’applique aux parts sociales ou actions d’une société détenant l’étude notariale, mais peut également être adapté pour optimiser la transmission d’une clientèle.

Il suppose toutefois la réunion de trois conditions :

  • Engagement collectif de conservation : le donateur et les héritiers s’engagent collectivement, avant la transmission, à ce que la clientèle soit détenue pendant au moins deux ans.
  • Engagement individuel de conservation : après la transmission, les bénéficiaires s’engagent à conserver la clientèle pendant quatre années supplémentaires.
  • Exercice effectif de l’activité : au moins l’un des signataires du pacte doit assurer la direction de l’étude pendant trois ans après la transmission.

En plus de cette réduction, des abattements supplémentaires peuvent s’appliquer si le repreneur est un descendant direct (enfants, petits-enfants) ou en cas de transmission dans certaines situations spécifiques (donation-partage, donation avec réserve d’usufruit, etc.)

Les autres dispositifs d’optimisation

Outre le Pacte Dutreil, d’autres dispositifs permettant de réduire l’impact fiscal d’une cession de clientèle :

  • Défiscalisation de la plus-value via des investissements de réemploi : le repreneur peut, par exemple, investir dans des actifs éligibles pour étaler l’imposition sur la plus-value.
  • Création d’une holding familiale : le cédant peut transférer sa clientèle à une holding, dans laquelle il détient des parts, puis organiser progressivement la transmission des parts de la holding. Ce montage permet de limiter l’impôt immédiat en utilisant des abattements successifs.

Bien utilisés, ces dispositifs permettent de réduire significativement la charge fiscale liée à la cession de clientèle notariale et de maximiser la rentabilité de la transaction.

Risques juridiques de la cession de clientèle

La cession de clientèle, bien que courante, peut donner lieu à des complications :

  • Erreur dans l’évaluation de la clientèle : une évaluation incorrecte peut entraîner un prix de cession trop élevé ou trop bas et créer des désaccords ultérieurs entre le cédant et le repreneur. Une surévaluation pourrait par exemple compromettre la rentabilité de l’opération pour le cessionnaire.
  • Non-respect des obligations légales et réglementaires : la cession de clientèle notariale doit obtenir l’agrément du ministère de la Justice et tout manquement aux obligations légales (conditions d’agrément, conformité des documents) peut invalider l’opération.
  • Problèmes de fiscalité : les erreurs dans la planification fiscale peuvent alourdir le coût de la cession. Par exemple, si les exonérations ou les abattements ne sont pas correctement appliqués, le cédant pourrait payer plus d’impôts que prévu.
  • Incompréhension des termes de l’accord de cession : si les termes de l’accord ne sont pas bien définis ou mal compris, des litiges peuvent apparaître. Par exemple, le repreneur pourrait exiger une garantie d’actif et de passif, tandis que le cédant pourrait ne pas accepter cette clause.
  • Non-respect de la confidentialité : la cession de clientèle doit rester discrète, surtout si le cédant continue d’exercer jusqu’à la finalisation. Si l’opération est divulguée trop tôt, cela peut perturber la relation avec les clients et affecter la réputation de l’étude.
  • Oubli des éléments incorporels et matériels associés : dans une cession de clientèle, il est facile d’oublier de traiter certains éléments matériels (équipements, mobilier, locaux) ou incorporels (fichiers clients, etc.) qui peuvent être essentiels pour l’activité du repreneur.
  • Difficultés dans la transition et la prise en main de la clientèle : une transition mal organisée peut entraîner une perte de clients, surtout si le repreneur ne parvient pas à instaurer le même climat de confiance que le cédant. Cette situation est d’autant plus risquée dans le notariat, où la relation de confiance est primordiale et la clientèle volatile.

Solution : l’accompagnement par un expert de la transmission

Faire appel à un expert indépendant, spécialisé dans la cession d’études notariales, permet de :

  • garantir une évaluation réaliste et équitable de la clientèle et des actifs incorporels ;
  • s’assurer que toutes les démarches, telles que la rédaction de l’acte authentique et les demandes d’agrément, sont correctement suivies ;
  • planifier l’opération et identifier toutes les opportunités fiscales ;
  • définir et rédiger de manière claire et précise les termes de l’accord, y compris les garanties d’actif et de passif, le transfert des contrats en cours, et toute éventuelle clause de non-concurrence ;
  • inclure des clauses de confidentialité et élaborer un plan de communication en accord avec le repreneur pour informer les clients et les collaborateurs au moment opportun ;
  • lister les éléments matériels et incorporels à inclure dans l’acte de cession (droits et obligations associés, archives et gestion des contrats en cours, etc.) ;
  • prévoir une période de transition pendant laquelle le cédant reste présent pour faciliter l’introduction du repreneur auprès des clients.

La cession de clientèle de notaire est une opération complexe qui nécessite une préparation rigoureuse. Une valorisation correcte, une optimisation fiscale, une gestion efficace des démarches administratives sont les clés d’une cession réussie. 

Que vous soyez cédant ou repreneur, l’accompagnement par un cabinet expert de la transmission d’études notariales permet de sécuriser la transaction et d’assurer la continuité de l’activité notariale. Fort de son expérience, le cabinet Bontemps vous guide à chaque étape du processus. Pour vos projets de cession, contactez-nous dès maintenant !

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